Voici une question posée par un internaute sur le portail internet des Fraternités de Jérusalem, concernant "la peur de Dieu".
Bonjour, je vous écris parce que tout le monde a peur de Dieu et de son
jugement mais moi je n'arrive pas à imaginer Dieu vouloir nous punir dans
l'apocalypse. Pour plusieurs raisons. On y parle du serpent du ciel, le serpent
n'est certainement pas Dieu, et parce que Dieu dès le commencement de la bible
s'est engagé à ne plus détruire la terre, je crois que nous sommes assez grands
pour le faire nous-mêmes et nous auto-détruire. J'ai demandé l'avis d'un homme
de Dieu sur internet, je me suis fait insulter, il me maudit «parce que je
n'avais pas peur de la colère divine présente dans toute la Bible». Je pense que
Dieu veut nous prévenir de ce qui va nous arriver comme tribulations, mais cela
ne veut pas dire que c'est lui qui va nous les imposer. Qu'en pensez-vous
?Bonjour et merci de votre question. Le problème du mal, de la souffrance, et de la présence de Dieu au cœur de tout cela, ne cesse de nous rejoindre et de nous préoccuper. La première semaine de Carême, qui commence dimanche prochain, nous conduira à le méditer une fois de plus à travers l'épisode de la tentation du Christ.
C'est une bonne porte pour entrer dans la question telle que vous la posez :
Dieu veut-il nous punir du mal, déverser sur nous le feu de sa colère ? Il me
semble qu'il faut répondre de façon à la fois très simple et très nuancée.
Simple : Dieu ne veut ni ne peut causer aucun mal : il est amour et miséricorde
et l'envoi de son propre Fils sur la terre pour nous sauver en est la preuve
suprême. C'est lui qui vient affronter le mal et se livrer lui-même non à la
colère de Dieu mais pour reconduire au Père, par sa propre offrande et son amour
«jusqu'au bout», l'humanité égarée. Une certaine spiritualité se plait à manier
le concept de colère de Dieu comme aiguillon pour la conversion des chrétiens
probablement... On peut douter du résultat : à quel Dieu se sera-t-on ainsi
converti ? La première lettre de Jean le dit très clairement : «En ceci
consiste la perfection de l'amour en nous : que nous ayons pleine assurance au
jour du Jugement, car tel est celui-là, tels aussi nous sommes en ce monde. Il
n'y a pas de crainte dans l'amour ; au contraire, le parfait amour bannit la
crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n'est point
parvenu à la perfection de l'amour» (1 Jean 4,17-18).
En même temps, si cette spiritualité – et l'homme «de Dieu» dont vous parlez
doit s'en réclamer – affirme cela, c'est pour éviter de tomber dans ce qui
serait aussi une erreur : faire de la miséricorde le paravent de toutes nos
fautes. Peu importe le péché puisque Dieu pardonne ! Oui, Dieu pardonne, mais il
nous appelle aussi à lui ressembler. Jésus a ouvert une voie pour que nous
marchions sur ses traces. C'est un amour qui demande d'être pris au sérieux.
Pour rester avec la première lettre de Jean – que je vous invite à méditer si le
cœur vous en dit –, il faut aussi entendre ceci : «Celui qui prétend
demeurer en lui doit se conduire à son tour comme celui-là s'est conduit»
(1 Jean 2,6). C'est un commandement et l'Écriture nous montre qu'il s'accomplit
tout entier dans l'amour. «À ceci nous avons connu l'Amour : celui-là a
donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos
frères» (1 Jean 3,16). La voilà la belle exigence, la belle cohérence de
notre foi !


Publié le
jeudi 28 juin 2012
à 23:41
> Article classé : 

Cet article n'a pas encore été commenté ...
Enregistrer un commentaire
>> Comment faire ? Besoin d'aide : -cliquez ici-