Pierre DEBERGÉ
Depuis toujours, l’eau est au cœur de l’histoire du peuple juif : traversée de la mer Rouge, épisodes du désert, annonce prophétique, etc. À l’époque de Jésus, elle revêtait une importance d’autant plus grande que le souci de purification avait conduit des groupes comme les pharisiens ou les esséniens à multiplier les rites d’eau.
Rites d'eau
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Cette volonté de purification,
quasiment obsessionnelle, est symptomatique d’une période où les rites d’eau
étaient d’autant plus nombreux que l’on avait progressivement imposé aux fidèles
des rites de pureté réservés initialement aux prêtres. Ainsi, lorsqu’un objet ou
un vêtement avait été touché par un païen, il fallait le plonger dans l’eau. De
manière plus générale, des ablutions précédaient les repas, accompagnaient les
enterrements, les accouchements et même les rapports sexuels. À proximité des
synagogues se trouvaient également des bassins où l’on pouvait se purifier avant
de prier. Au 1er siècle de notre ère, un baptême sera proposé aux païens qui
voulaient se rapprocher du judaïsme. Ce baptême était essentiellement un rite de
purification et n’intégrait pas totalement au peuple juif, d’où son nom de
''baptême des prosélytes''.
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![]() Les baptêmes |
À côté de ces rites d’eau qui ne permettaient pas le salut mais une purification sans cesse à renouveler, les baptistes proposaient de véritables baptêmes. Pratiqués dans l’eau
courante, ces rites procuraient le pardon des péchés. En réaction à une religion trop institutionnalisée ou trop formelle, ils correspondaient à un besoin de réveil spirituel et religieux.
Le baptême que propose Jean Baptiste est le mieux connu de ces rites baptismaux. Pour original qu’il soit, il n’était pourtant pas isolé. De nombreux textes font allusion, en effet, à d’autres groupes baptistes. Les plus connus sont les ''hémérobaptistes'' ou ''baptistes quotidiens'', qui se plongeaient tous les matins, associant ainsi purification et hygiène. Bien que divers, tous ces mouvements pratiquaient un rite de plongeon — de ''baptême'' — dans l’eau courante, en vue du pardon des péchés. Dépassant les barrières habituelles de pureté, ils s’adressaient à tous et proclamaient l’imminence du salut en invitant à la conversion du cœur.
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![]() Jean le Baptiste |
Le baptême de Jean-Baptiste était sans doute assez proche des rites que l’on vient d’évoquer : un baptême proposé à tous en vue du pardon des péchés. Deux particularités cependant le distinguaient. À la différence des diverses ablutions juives, et même du baptême des ''hémérobaptistes'', le candidat à ce baptême ne se lavait ni ne se plongeait lui-même : ce rite lui était administré par un autre. De plus, alors que les ablutions et les autres baptêmes pouvaient être réitérés, ce rite était unique et définitif. C’était un formidable défi au Temple puisque celui qui recevait le baptême de Jean pouvait obtenir le pardon des péchés hors du Temple, de ses rites et de ses hommes. Voilà qui peut éclairer la démarche de Jésus allant se faire baptiser par Jean Baptiste.
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