
Texte long
- Remerciements à la toujours excellente "agence Zenit" -
C'est aussi un commentaire "éclairé", "éclairant", "autorisé" et inattendu de la dernière encyclique de Benoît XVI "Caritas in Veritate"
Entretien :
« Caritas in Veritate et
théorie du genre », par Mgr Tony Anatrella
L’amour n’est
possible que dans la vérité
ROME, juillet 2009
(ZENIT.org) - A l'occasion de la publication de l'Encyclique du
pape Benoît XVI, Caritas in Veritate, Mgr Tony Anatrella psychanalyste et
spécialiste en psychiatrie sociale, a répondu aux questions de Zenit au sujet de
la notion de genre humain évoquée par l'encyclique et qui ne correspond pas à la
définition du genre dans la théorie du genre qui sert de norme aux Institutions
internationales et de référence pour modifier la législation dans de très
nombreux pays.
Mgr Anatrella reçoit
de nombreuses personnes en difficultés psychologiques et enseigne la psychologie
à Paris. Il est consulteur du Conseil pontifical pour la famille et du Conseil
pontifical pour la pastorale de la santé. Il vient de publier : « La tentation
de Capoue - Anthropologie du mariage et de la filiation » - Éditions Cujas
(Paris). Il a également publié plusieurs ouvrages qui portent sur la théorie du
genre : La différence interdite aux éditions Flammarion et Le règne de Narcisse
aux Presses de la Renaissance.
Zenit : Dans
son encyclique Caritas in Veritate, Benoît XVI parle de « l'unité du genre
humain » qui ne semble pas correspondre à la notion contenue dans la théorie du
genre ?
Mgr Tony
Anatrella : Évidemment, il s'agit là d'un point particulier des propos
du Saint-Père. Mais on perçoit tout au long de ce document une préoccupation
intellectuelle qui vise à répondre à l'argumentaire de cette théorie du genre
qui devient une norme internationale et pose de très nombreux problèmes
anthropologiques. Une idéologie contraire au bien de l'humanité.
Benoît XVI, dans un
texte riche et dense où chaque mot est porteur de sens, affirme avec raison que
l'humanité ne peut devenir elle-même qu'en se reconnaissant dans « l'unité du
genre humain » pour « devenir une communauté vraiment universelle qui naît de
l'appel formulé par la Parole du Dieu-Amour » (n. 34). Hommes et femmes de tous
pays et toutes cultures nous appartenons à une humanité commune vécue à travers,
entre autres la différence sexuelle et les différences culturelles qui exigent
un véritable dialogue interculturel (n. 26) quand les traditions et les cultures
ne sont pas réduites à un éclectisme culturel. Elles seraient ainsi considérées
« comme substantiellement équivalentes et interchangeables entre-elles ». Le
Saint-Père va encore plus loin dans son raisonnement en affirmant que l'homme ne
saurait être réduit à « un donné purement culturel », comme le prétend la
théorie du genre. Plus précisément, il souligne le risque de séparer la culture
de la nature humaine. « Éclectisme et nivellement culturel ont en commun de
séparer la culture de la nature humaine. Ainsi, les cultures ne savent plus
trouver leur mesure dans une nature qui les transcende, elles finissent par
réduire l'homme à un donné purement culturel. Quand cela advient, l'humanité
court de nouveaux périls d'asservissement et de manipulation » (n. 26).
Autrement dit, le
genre humain ne se morcelle pas mais il se rencontre et se vit à travers
l'altérité qui fonde « l'ouverture à la vie qui est au centre du développement »
intégral (n. 28). Une altérité qui trouve son origine dans l'altérité du Dieu
trinitaire comme le souligne Benoît XVI :
« Seule la rencontre
de Dieu permet de ne pas "voir dans l'autre que l'autre" mais de reconnaître en
lui l'image de Dieu, parvenant ainsi à découvrir vraiment l'autre et à
développer un amour qui "devienne soin de l'autre pour l'autre » (n. 11). Dans
la théorie du genre nous sommes aux antipodes du sens de l'altérité.
Zenit :
Cette nouvelle idéologie de la théorie du genre est-elle dangereuse pour
l'équilibre et l'avenir de la société ?
Mgr Tony
Anatrella : Le pape écrit avec juste raison que : « L'humanité tout
entière est aliénée quand elle met sa confiance en des projets purement humains,
en des idéologies et en de fausses utopies » (n. 53). La théorie du genre est
hasardeuse dans le sens où elle établit et institue une lutte de pouvoir entre
les hommes et les femmes, au mépris de leur complémentarité. Elle nie également
le rôle structurant de la différence sexuelle pour laisser entendre que le
masculin et le féminin ne sont que des réalités construites socialement et ne
sont pas inhérents à la personne de l'homme ou de la femme. Une façon d'évacuer
la singularité du sujet. Elle privilégie enfin les orientations sexuelles pour
en faire diverses identités qui auraient toutes la même qualité et la même
valeur. Autrement dit, nous sommes dans le déni de l'être de l'homme et de la
femme au bénéfice d'une sorte d'asexualité qui débouche en même temps sur la
légitimité de toutes les orientations sexuelles. Or celles-ci représentent
toujours un en-deçà de l'identité sexuelle et non pas une identité. Un homme
s'humanise, se civilise et se socialise non pas en fonction d'orientations
sexuelles mais à partir de son identité sexuelle grâce à laquelle il intègre et
coordonne ses pulsions partielles afin de développer une orientation en
cohérence avec son identité. Les orientations sexuelles sont toujours du côté
des pulsions partielles, alors que l'identité est du côté de l'être du sujet.
Nous sommes paradoxalement dans le mythe du sujet qui construit son identité ce
qui n'est pas complètement vrai et en même temps on lui laisse supposer qu'il
n'est qu'une construction sociale. La loi civile établirait des identités
sexuelles selon les revendications subjectives des personnes.
Zenit : Le
pape insiste beaucoup sur le sens de l'amour vécu dans la vérité, cela
signifie-t-il que l'amour ne se retrouve pas nécessairement dans toutes les
formes de relation ?
Mgr Tony
Anatrella : Très souvent n'importe quel type de relation plus ou moins
attachante est présenté sous l'angle de l'amour, ce n'est pas tout à fait exact.
On peut éprouver de l'attrait, des sentiments et des émotions cela n'est pas
nécessairement significatif de l'amour.
L'amour exige la
vérité des choses pour être authentique. Au nom de l'amour on croit que to ut
est possible et permis et encore davantage lorsque l'amour est confondu avec un
vague sentiment de générosité, ce qu'il n'est pas. On utilise souvent l'argument
d'autorité en croyant que puisque Dieu est amour il permet et tolère tout.
Autrement dit, Dieu est instrumentalisé pour justifier n'importe quel acte
humain à partir du moment où le sujet pense qu'il agit dans l'amour. Encore
faut-il être dans la vérité de l'amour, c'est-à-dire que l'acte représente un
véritable bien à atteindre et non pas inverser cette proposition en voulant que
Dieu vienne reconnaître l'acte du sujet. D'où le titre donné à cette nouvelle
encyclique de Benoît XVI qui s'inscrit dans la logique des deux précédentes :
« Deus caritas est» (2006) et « Spe salvi » (2007) : Caritas in Veritate,
l'amour n'est possible que dans la vérité.
Une révolution
sourde est donc en marche depuis les années 1950 dans l'ignorance et
l'inconscience des citoyens. La théorie du genre (gender theory) a ainsi pris la
suite du marxisme et elle aura des conséquences encore plus néfastes que
celui-ci, comme j'ai eu l'occasion de le montrer dans diverses publications. Le
marxisme est une idéologie meurtrière alors que l'idéologie du genre est une
théorie idéaliste qui détruit les repères les plus fondamentaux et les plus
universels. J'ai ainsi souligné dans mon livre "Le règne de Narcisse" qu'elle
appartient à toutes les idéologies transgressives avec lesquelles le monde
occidental est en train de coloniser et de polluer intellectuellement la
planète. Nous préparons tous les ingrédients pour altérer l'écologie humaine. Il
y a ainsi des idées qui fabriquent de la pathologie sociale sans que l'on
veuille en être conscients et évidemment sans prendre la mesure des conséquences
qu'elles engagent.
Zenit : Les
sciences humaines semblent jouer un rôle important pour imposer cette nouvelle
idéologie qui crée des divisions artificielles dans l'humanité au lieu de
respecter les différences fondamentales ?
Mgr Tony
Anatrella : Sans aucun doute. Mais pour comprendre ce phénomène, il
faut à la fois faire de l'histoire et observer comment les sciences humaines
sont devenues normatives au point de prescrire à la société ses modes
d'organisation. Ainsi les sociologues qui observent des attitudes et des
comportements vont décréter que puisqu'un phénomène existe il faut, non
seulement l'admettre, mais également le légaliser et en faire une norme. D'où
la prolifération de lois qui viennent légitimer des mœurs au lieu de voir le
législateur créer des lois au nom du bien commun. « L'exaspération des droits
aboutit à l'oubli des devoirs. Les devoirs délimitent les droits parce qu'ils
renvoient au cadre anthropologique et éthique dans la vérité duquel ces derniers
s'insèrent et ainsi ne deviennent pas arbitraires. C'est pour cette raison que
les devoirs renforcent les droits et situent leur défense et leur promotion
comme un engagement à prendre en faveur du bien. » (n. 43). Le droit est
actuellement organisé pour « satisfaire des attentes psychologiques ».
La théorie du genre
est le pur produit des sciences humaines qui veulent reconstruire une vision de
l'homme à partir d'épiphénomènes. Dans cette perspective la norme n' est plus à
chercher dans la vérité des choses et leur caractère universel, mais dans la
singularité des situations individuelles et marginales, et dans le ressenti. La
subjectivité devient source de droit. C'est ainsi que la plupart des
gouvernements occidentaux dirigent leur société à partir de ses points aveugles
et minoritaires au nom du principe de la non-discrimination. Principe très
discutable par ailleurs, car il ne permet plus de réfléchir, d'analyser et de
faire œuvre de discernement. Avoir le souci des injustices et y remédier sont
des biens précieux pour la société, mais dire que, dans n'importe quelle
situation, peut se créer un couple et se constituer une famille est une impasse.
La création, par exemple, du Pacs en France a été une erreur qui s'appréciera au
regard de l'histoire. Il avait été revendiqué par des associations homosexuelles
pour créer des partenariats civils entre personnes de même sexe. En réalité 93 %
des Pacs qui sont contractés le sont par des couples formés par un homme et une
femme. A partir d'une revendication minoritaire inutile, les militants ont
réussi à accentuer une déstabilisation du mariage. Dans leur littérature, ils
déploient tout un système subversif pour justement remettre en question les
normes sexuelles de la société qui se fondent pourtant à partir d'un couple
altersexué constitué par un homme et une femme. Le Pacs était une sorte de
missile dirigé contre les bases de la société qui ne peut être qu'hétérosexuelle
alors que la preuve est faite qu'il intéresse modérément les personnes
homosexuelles. Les militants de la cause vont même plus loin en voulant que le
Pacs soit célébré en mairie comme un mariage. Une vision qui fragilise le
mariage institution pour en faire un simple contrat, pas plus important qu'un
contrat de location. La banalisation du divorce à travers la loi avait commencé
ce travail de sape, il se continue de façon encore plus radicale avec le Pacs.
La plupart des droits inhérents au mariage sont ainsi attribués aux Pacsés ce
qui vide le mariage de sa substance et de sa singularité. Alors que le mariage
représente un bien pour la société, le Pacs amplifie à la fois la baisse des
mariages et la perte du sens de la parole donnée et de l'engagement. Ce n'est
pas ainsi que l'on construit une société pacifiée. Bien au contraire, on crée
les conditions même de son insécurité, de ses déliaisons et des conduites
réactionnelles dont témoignent les multiples violences qui se développent
notamment dans la population juvénile (violences contre soi et contre les
autres).
Quand tout se vaut,
plus rien n'a de valeur. Nous sommes dans la confusion des pensées. Les
responsables politiques manquant de réflexion anthropologique et parfois de
culture sur tous ces sujets, en restent à la surface des choses se contentant
d'être sous l'influence de lobbies. Ils ont le regard rivé sur les sondages
d'opinion et changent de convictions au gré des fluctuations médiatiques. Le
monde politique occidental fait preuve d'une certaine carence de la pensée. Le
mini-traité de Lisbonne est à cet égard déficitaire : non seulement il reprend
la défunte Charte européenne qui posait déjà de sérieux problèmes, mais en plus
il se donne comme référence la théorie du genre en instituant sur le même
registre que les droits de l'homme des orientations sexuelles, ce qui manifeste
une confusion épistémologique. Le recours à la raison ne se situe plus dans la
recherche du vrai et du bien, mais dans la volonté d'imposer des inclinations
particulières alors qu'elles ne sont pas structurantes ni pour la personne ni
pour la société. C'est pourquoi le Pape souligne fortement : « Aujourd'hui, nous
sommes témoins d'une grave contradiction. Tandis que, d'un côté, sont
revendiqués de soi-disant droits, de nature arbitraire et voluptuaire, avec la
prétention de les voir reconnus et promus par les structures publiques, d'un
autre côté, des droits élémentaires et fondamentaux d'une grande partie de
l'humanité sont ignorés et violés » (n. 43). Ainsi, un enfant a droit d'être
éduqué et élevé, par un homme et une femme, son père et sa mère, pour soutenir
ses besoins et respecter ses intérêts psychologiques, sociaux, moraux et
spirituels.
Zenit : Mais
d'où vient cette idéologie qui est largement méconnue ?
« Caritas in Veritate et théorie du
genre », par Mgr Anatrella (2)
Zenit : Mais
d'où vient cette idéologie qui est largement méconnue ?
Mgr Tony
Anatrella : La théorie du genre est née à partir des travau x
cliniques de psychanalystes américains recevant des personnes transsexuelles et
qui souhaitaient faire modifier leur apparence sexuelle : un homme devenant une
femme, ou une femme devenant un homme. Évidemment ces pseudos transformations,
faites de diverses amputations et d'implants de prothèses, ne sont que des
artifices, le sujet a un semblant d'allure extérieure d'un autre sexe que le
sien d'origine. Il s'agit surtout d'un subterfuge identitaire, car en réalité un
homme ne devient jamais une femme pas plus qu'une femme ne devient un homme. Il
n'est pas rare de voire certaines personnes revenir consulter quelques années
après pour retrouver leur corps d'origine. Les premiers cliniciens qui se sont
donc intéressés au cas de la transsexualité, comme un échec de l'intériorisation
du corps sexué, observaient que pour ces personnes, il y avait une scission
entre la représentation d'elles-mêmes et la réalité de leur corps sexué. Elles
ne parvenaient pas, pour diverses raisons, à accepter et à intégrer leur corps
sexué au masculin ou au féminin. Elles étaient en conflit intrapsychique entre
leur identité sexuelle qui est un donné de fait et leur orientation sexuelle qui
procède habituellement d'une lente élaboration des pulsions partielles intégrées
à l'intériorisation de l'identité sexuelle de fait. Les spécialistes en ont
conclu que pour ces cas particuliers, leur véritable identité sexuelle était
imaginaire et en dysharmonie avec leur personne sexuée. Derrière cette
contorsion symptomatique, divers problèmes psychiques non traités dans
l'évolution du sujet l'amenaient à se situer de cette façon ; signe d'une
profonde immaturité ou encore d'un trouble de l'identité sexuelle (comme le
qualifie encore la classification américaine des maladies le DSM IV). Cette
organisation typique est souvent le cas chez des sujets qui se heurtent à des
problèmes d'identification, de manque d'étayage ou de failles narcissiques qui
les empêchent de parvenir à un self cohérent et à une unité interne.
L'orientation sexuelle est recherchée pour elle-même, indépendamment et en
contradiction avec l'identité sexuelle. Les travaux de Freud et de ses
successeurs ont mis en évidence les structures psychiques qui conduisent à une
sorte de scission interne sur la base d'une dépressivité et d'une intolérance à
son être sexué. C'est ainsi que des sujets s'acheminent vers des formes de
sexualités problématiques en dehors d'une relation entre un ho mme et une
femme.
A partir de ce
constat clinique qui n'avait pas de valeur philosophique, certains ont voulu en
tirer la conclusion que l'ensemble des hommes et des femmes vivaient sur le
régime du décalage entre leur identité sexuelle et leur orientation
sexuelle.
Dans les années 1960
les féministes, en manque de philosophie pour fonder intellectuellement leur
revendication et leur opposition aux hommes, se sont emparées de cette idée.
Elles ont rationalisé un constat clinique relatif à des cas particuliers pour
faire une distinction entre la disposition physique et organique inscrite sur le
corps de l'homme et de la femme et qui ne peut pas être changée mais qui, pour
ces militantes, n'est pas déterminante, et la différence sexuelle du masculin,
du féminin et des orientations sexuelles (dites genre neutre) qui serait une
construction sociale et peut donc être modifiée à dessein. Autrement dit, le
corps de chacun peut être marqué par un organe particulier mais ce n'est pas lui
qui révèle l'identité sexuelle du sujet qui reste toujours à construire, voire
même à choisir. Elle peut être également déconstruite pour devenir
quelqu'un d'autre et s'autocréer selon ses désirs. Ces thèses de la
déconstruction inspirées par Jacques Derrida et Michel Foucault ont
imprégné la pensée universitaire américaine et nous reviennent à travers la
théorie du genre, comme une nouvelle aliénation idéaliste qui s'écarte du
réel.
Dans les années
1980, alors que le mouvement homosexuel avait perdu ses caractères revendicatifs
des années 1970, il a été relancé à la suite de la pandémie du VIH. Il s'est
relativement reconstitué à partir de la lutte nécessaire contre la transmission
du VIH en participant et en devenant de plus en plus un des acteurs de
prévention contre le Sida. De revendications en revendications, se sont faites
jour des revendications plus particulières comme la reconnaissance légale de ce
type de relation en la dépénalisant et en la supprimant des listes des maladies
mentales, l'instauration de statut d'union civile pour préserver les droits de
ceux qui se retrouvaient seuls après le décès de leur partenaire, et l'extension
du mariage et l'adoption des enfants. Les militants de la cause homosexuelle ont
trouvé, à travers la théorie du genre, un cadre idéologique afin de
porter et de justifier toutes leurs revendications. La création de concepts
militants comme celui de « l'homophobie » accusant d' avoir peur des personnes
homosexuelles ou de leur propre homosexualité inconsciente (inutile d'insister
sur cette vision psychologisante simpliste) ceux qui discutaient,
réfléchissaient, voire s'opposaient à ces revendications et à aux changements
dans la législation. Tout ceci était porté, justifié et valorisé par les médias
sans aucun esprit critique d'une pensée réduite à des stéréotypes.
La théorie du
genre a ainsi été soutenue par l'idée noble de l'égalité entre l'homme et
la femme mais qui n'a pas tout à fait le même sens dans cette idéologie et par
des idées de liberté et de lutte contre les discriminations, qui signifient dans
cette théorie le besoin de s'émanciper du travail de la différenciation
subjective des sexes. Nous serions ainsi homme et femme, & agrave;
l'identité incertaine et organisés autour d'une bisexualité originelle que
l'organisation sociale hétérosexuelle vient contrarier.
Zenit :
Quelles en sont les principales conséquences ?
Mgr Tony
Anatrella : Il faut savoir que cette théorie du genre sert de
référence aux Organisations internationales (ONU, OMS, Commission Populations,
UNESCO, UNICEF, etc.) mais aussi aux législations européennes depuis le Traité
de Maastricht (1992). Plusieurs fonctionnaires et législateurs participant aux
travaux préparatoires m'ont fait remarquer que personne ne sait qui a introduit
la catégorie de la théorie du genre dans ce Traité alors qu'il n'en
avait jamais été question. Elle a été découverte une fois le Traité signé, qui
est composé de plusieurs milliers d e pages, et à été reprise dans le
mini-traité de Lisbonne non encore ratifié.
Les conséquences
sont nombreuses et variées, elles s'installent dans l'ignorance des citoyens.
Les formulaires administratifs, par exemple, ne portent plus la mention « Sexe »
mais « Genre » où toutes les réponses sont possibles. La confusion commence déjà
de cette façon. Elle se poursuit à travers l'affirmation de la parité entre
hommes et femmes, comme un principe fondateur. D'ailleurs, qui serait contre
cette idée alors que l'Église à travers le sens du mariage qu'elle a institué
dès l'origine, a été fondé sur le sens de l'élection libre des conjoints, pour
lutter contre les mariages forcés et arrangés par les familles, sur le sens de
l'égalité entre l'homme et l a femme et sur le sens de l'érotisme recentré sur
la vie conjugale là où il était dissocié. Il fallut près de 20 siècles pour que
la société accepte et fasse sien ce modèle. Un prêtre qui célébrait le mariage
librement consenti par un homme et une femme mais sans le consentement des
parents risquait la prison sous le règne du Roi François 1er et bien après lui
encore. Paradoxalement, ce sont les révolutionnaires de 1789 qui ont reconnu et
légalisé le mariage tel qu'il était conçu par l'Église.
La parité entre
hommes et femmes dans la théorie du genre se confond avec la
similitude : l'un étant l'autre. On affirme curieusement que la différence
sexuelle est indispensable à la vie sociale mais peu nécessaire à la vie
conjugale et familiale. Celle-ci pourrait s'organiser dans l'indistinction
sexuelle ou encore dans la monosexualité avec des personnes de même sexe dont la
relation n'est ni significative de vie conjugale, ni significative de vie
familiale. Mais l'époque actuelle étant tellement dans la promotion des idées
transgressives et des manipulations des réalités fondatrices de l'existence que
l'on ne cherche pas à comprendre que nous sommes dans un détournement, au sens
pervers du terme, des structures même de la sexualité humaine.
Zenit : Il y
aurait une tentative de se libérer du corps ?
Mgr Tony
Anatrella : Le besoin de sortir de son corps et de ses structures est
un vieux fantasme qui fabrique les contes et les légendes, mais aussi toutes les
philosophies idéalistes alors que le christianisme est fondé sur l'Incarnation
et donc sur le sens du corps donné et reçu à accomplir. A l'inverse de cette
perspective, il faudrait se dégager de sa condition humaine. Il y a une sorte
d'angoisse qui traverse l'histoire humaine pour accepter l'altersexualité et
l'identité respective de l'homme et de la femme au point que nous en sommes
venus aujourd'hui à vouloir les effacer au nom d'un principe noble, parlant à
tous, qui est celui de l'égalité. Mais dans la psychose du déni de la différence
sexuelle, il est dévoyé au sein de la notion confuse et délétère du
genre à travers le féminisme en tant que négation de l'homme et à
travers l'homosexualité dont le modèle social apparaît comme celui qui se
dispense de toutes les opérations psychiques de la différenciation sexuelle et
de l'intégration de l'altérité sexuelle. Nous voici une fois de plus dispensés
des contraintes pourtant libérantes et heureuses de la condition humaine, là où
d'autres les considèrent comme des entraves et des malheurs.
Le marxisme voulait
libérer l'homme social de toutes les contraintes et façonner une nouvelle
humanité radieuse. Il voulait le bonheur de l'homme quitte à massacrer tout ce
qui s'opposait à ce mouvement. Il a échoué parce que ses prémices étaient
fausses. Mais par la force des médias, des lois du marché et des lois civiles,
les contraintes sont devenues encore plus nombreuses que par le passé, privant
de plus en plus l'homme de ses libertés.
A présent, la
théorie du genre veut libérer l'homme subjectif de son identité
sexuelle pour fabriquer un sujet qui se construit seul et sans références autre
que lui-même, pour autant que ce soit possible. Et le voilà grave; de plus en
plus vide intérieurement, dépendant de ses émotions, plutôt que libre de
raisonner, adonné à diverses addictions et contraint soit à l'asexualité du
castré qui compense par l'imaginaire et le voyeurisme médiatique et de
l'Internet, soit à l'autosexualité du plaisir solitaire actuellement valorisé,
et même à travers le même et le semblable. Si l'homme se vit dans un deçà de son
identité sexuelle comment ne peut-il pas être enfermé dans le soliloque des
pulsions partielles de la sexualité infantile ? Telle est l'impasse entretenue
par la théorie du genre.
Zenit : En
quoi justement les plus jeunes sont-ils concernés ?
Zenit : En
quoi justement les plus jeunes sont-ils concernés ?
Mgr Tony
Anatrella : La théorie du genre imprègne les jeunes générations à
travers l'éducation sexuelle diffusée dans les écoles et les lycées. Les idées
du genre y sont largement diffusées en insistant sur les orientations sexuelles
et la nécessité de les expérimenter pour se connaître. C'est une façon de
détruire les opérations symboliques de la vie psychique pendant l'enfance et
l'adolescence en incitant à des passages à l'acte (qui sont toujours des
conduites réactionnelles). Ce ne sont pas les expériences sexuelles qui
permettent de se connaître et de parvenir à la maturité affective et sexuelle,
mais le remaniement de la sexualité infantile au décours de l'adolescence qui
vont créer les conditions pour comprendre ses désirs et les travailler en
harmonie avec son identité. Des passages à l'acte ainsi provoqués ne peuvent que
renforcer l'infantile en handicapant les évolutions nécessaires. D'autant que,
je l'ai souvent observé lors de consultations et de psychothérapies avec des
adolescents, aborder la question de l'homosexualité dans le cadre scolaire avec
des personnes militantes, les trouble et les perturbe là où la plupart d'entre
eux commencent à s'éveiller affectivement. Faute de savoir comment interpréter
leurs premiers émois ils se saisissent d'interprétations entendues ici ou là
pour se les appliquer. La plupart des intervenants sont souvent dans une
attitude prescriptive qui fascine les plus fragiles et renforce les défenses de
ceux qui sont à l'aise avec leur identité. Il faut souligner que l'accusation
« d'homophobie » (pour autant que ce slogan ait un sens) reprise de façon
stéréotypée par les médias est la résultante d'un discours qui veut tellement
prouver le bien fondé d'une orientation sexuelle qu'il se retourne contre
lui-même. Une chose est d'en appeler au respect des personnes, quelle que soit
leur situation, et autre chose est de dire qu'il s'agit d'un modèle à partir
duquel la société peut s'organiser.
Zenit : Les
plus jeunes parlent facilement de ces questions aujourd'hui. Quel peut être
l'impact sur eux ?
Mgr Tony
Anatrella : Parler de l'homosexualité, c'est parler à chacun de ses
identifications primaires à des personnes de même sexe qui ont été nécessaires
pour affermir son identité sexuelle. Selon la psychanalyse freudienne, il s'agit
là d'un choix d'objet homosexuel pour se conforter et c'est lorsqu'il y a un
échec de ce travail interne que se produit, entre autres, une érotisation de
l'identification qui débouche sur l'homosexualité. La plupart des personnes
élaborent positivement ce choix primaire qui a pu aussi se faire plus ou moins
facilement. Mais laisser entendre à des jeunes que c'est une forme de sexualité
qui ne pose aucun problème peut susciter diverses inquiétudes et renvoyer à une
économie première dans laquelle ils ne sont plus du tout engagés. Certains
résistent avec raison tout en contestant intérieurement l'homosexualité dont on
leur parle. Autrement dit, c'est comme on les invitait à revenir à une étape
qu'ils ont ou qu'ils vont dépasser. C'est pourquoi des jeunes sont dans une
relative confusion lorsqu'ils interprètent comme de l'homosexualité un attrait
esthétique pour des personnes de même sexe, alors qu'il ne s'agit pas de cela.
En France, l'Éducation Nationale annonce un programme pour lutter contre
« l'homophobie » dans les établissements scolaires et universitaires. Est-ce
nécessaire ou un effet d'influences de lobbies qui prennent ce pseudo prétexte
pour faire passer le message de l'indistinction sexuelle ? Peut-on éduquer des
enfants et des adolescents à partir de l'homosexualité ? Une question à
réfléchir là où des éducateurs risquent d'être les otages d'une idéologie au
lieu d'être attentifs à la psychologie des enfants et des adolescents qui
aujourd'hui est plus fragile et moins organisée qu'on ne le croit.
La théorie du genre
est ainsi à l'œuvre dans diverses directions : celui de la santé, de la famille
et de l'éducation sans que les citoyens ne réalisent ce qui se passe et encore
moins les enjeux quand on veut instituer des orientations sexuelles à la place
des deux seules identités qui existent, celle de l'homme et celle de la femme.
Il est pour le moins impertinent de faire passer une orientation sexuelle pour
une identité. Nous ne sommes pas sur le même registre.
Zenit : Les
femmes semblent davantage concernées que les hommes par cette
« théorie » ?
Mgr Tony
Anatrella : En effet cette théorie, récupérée par des mouvements
féministes, valorise les femmes dans leur opposition aux hommes et dissocie la
relation entre eux au nom de l'autonomie des femmes. Si les hommes et les femmes
sont respectivement autonomes dans leur masculinité et leur féminité, cela ne
s'oppose nullement à un lien positif de coopération et de complémentarité entre
eux. Ainsi, au nom de la Santé reproductive, pour autant que cette notion soit
pertinente, on dissocie la procréation de la relation entre les hommes et les
femmes pour la situer uniquement du côté des femmes. Une vision des choses qui a
pour but d'affirmer l'autonomie des femmes afin de mieux valoriser la
contraception et l'avortement. Or la procréation se partage entre l'homme et la
femme, et relève de leur responsabilité que des idéologies inhumaines viennent
contester. Benoît XVI écrit justement : « Certaines organisations
non-gouvernementales travaillent activement à la diffusion de l'avortement et
promeuvent parfois dans les pays pauvres l'adoption de la pratique de la
stérilisation, y compris à l'insu des femmes. Par ailleurs, ce n'est pas sans
fondement que l'on peut soupçonner les aides au développement d'être parfois
liées à certaines politiques sanitaires impliquant de fait l'obligation d'un
contrôle contraignant des naissances ... Quand une société s'oriente vers le
refus et la suppression de la vie, elle finit par ne plus trouver les
motivations et les énergies nécessaires pour œuvrer au service du vrai bien de
l'homme » (n. 28).
Dans cette idéologie
du genre le primat est principalement mis sur la disparition des distinctions
entre l'homme et la femme. Autrement dit, rien ne doit empêcher la femme de
devenir l'égale de l'homme tout en dénonçant une domination et un pouvoir
masculins. Judith Butler, philosophe de l'idéologie du genre, ne va-t-elle pas
jusqu'à prescrire aux femmes, dans son livre Le trouble dans le genre, de
refuser la pénétration sexuelle avec un homme qui est le signe de sa domination
sur la femme. Cette opposition mais aussi ce refus dans la pensée de Butler de
son désir de l'homme, dans lequel la plupart des femmes ne se reconnaîtront pas,
sinon il y aurait de quoi s'inquiéter sur la santé mentale de l'humanité, est
symptomatique du déni de la différence sexuelle qui structure la théorie du
genre.
La maternité est
également considérée comme un handicap et une injustice puisque seules les
femmes portent les enfants. Il faut donc libérer les femmes de la maternité d'où
la multiplication des campagnes en faveur de la contraception et de l'avortement
menées par l'OMS notamment en Afrique.
De la même façon, il
faut éviter de parler de la paternité car seuls les hommes peuvent être pères,
ce qui est une autre forme d'injustice à l'égard des femmes. Dans cette logique
déréelle, il faut privilégier la notion de parentalité à celle de parents dans
le sens où tous les adultes qui exercent une fonction éducative auprès des
enfants jouent un rôle parental. Le raisonnement va même plus loin et s'est
imposé dans les mentalités, sans autre effort de réflexion, en scindant la
fonction parentale, surtout celle du père qui est minimisée, à travers le parent
biologique (qui compte peu), le parent éducateur (qui peut donner son nom de
famille à l'enfant) et le parent social (un adulte qui est le nouveau partenaire
du parent de l'enfant) qui assure un rôle éducatif et peut varier selon les
associations et les dissociations des liens avec l'un des parents de l'enfant.
C'est ainsi que l'on va parler de la fonction de « beau-parent » (toujours au
singulier comme le parent) et qui est encore une autre façon de morceler la
filiation. Tout ceci dessert les intérêts psychiques et sociaux de l'enfant au
bénéfice des aléas affectifs des adultes qui sont privilégiés par rapport aux
enfants.
Zenit : Sans
avoir à énumérer toutes les conséquences de cette idéologie néfaste du genre que
vous avez développées dans votre livre : La tentation de Capoue publié récemment
aux éditions Cujas à Paris, que peuvent faire l'Église et les
chrétiens ?
Mgr Tony
Anatrella : Dans ses propos le Pape Benoît XVI montre bien qu'il y a
une opposition entre cette nouvelle idéologie du genre et les nécessités
humaines dictées par une juste raison des choses. Cette théorie se présente
comme un idéalisme qui s'extrait de la réalité et de la réalité des corps. En
simple et bonne logique et indépendamment d'une perspective religieuse, si
l'homme et la femme existent c'est que cela est déjà porteur de sens. Cette
idéologie est une superstructure interprétative qui fausse l'observation et la
prise en considération du réel.
Dans la théorie du
genre, le fantasme se prend pour le réel comme dans certaines configurations
psychotiques qui ne sont pas étrangères aux productions culturelles de l'époque
mais aussi aux pathologies narcissiques que l'on voit se développer aujourd'hui.
Le corps est confondu avec le physique et le biologique, comme on l'observe dans
certaines réflexions de sociologues. Il y a une sorte d'angoisse de penser le
corps comme l'être de la personne et une fuite en avant qui confine à un
néo-puritanisme issu des productions intellectuelles des pays de l'Europe du
Nord qui sont parmi les premiers et les plus actifs à imposer les normes du
genre.
L'égalité en tous
points entre les hommes et les femmes laissant entendre ce qu'un homme fait, une
femme peut le faire est à la fois vrai et pas systématiquement possible ni
nécessaire. Les relations entre les hommes et les femmes s'organisent aussi
autour de la symbolique que représente la différence sexuelle. Lorsque ces
symboliques sont transgressées, le lien social en pâtit. La parité permet-elle
une meilleure coopération et de meilleures relations entre hommes et femmes ?
Depuis l'instauration de ces idéaux qui ont commencé il y a plus de quarante ans
et qui se confondent dans la similitude, les relations se sont distendues,
compliquées et mises à distance. Des professions se sont complètement féminisées
là où des hommes cherchent d'autres activités en dehors de l'éducation, de la
médecine et de la justice. La parité fondée sur une lutte de pouvoir fausse les
relations et la conception des choses. Ainsi en France, la jurisprudence
européenne oblige à réformer la majoration de durée d'assurance dont bénéficient
les mères pour leur retraite. Deux ans de cotisations pour la retraite sont
offerts aux mères à la naissance de chaque enfant. La Cour de cassation vient de
reconnaître ce droit à un père qui a élevé ses enfants. Ce privilège réservé aux
mères est maintenant remis en question au nom d'une vision égalitariste entre
hommes et femmes pour répondre à l'idéologie du genre soutenue par Bruxelles.
Nous sommes loin de ce que propose l'Église à travers la complémentarité
réaliste des sexes.
L'idée déréelle
selon laquelle le genre résulte d'une simple construction sociale à travers des
décisions législatives montre à quel point on entreprend de vouloir réformer et
créer un type d'homme libéré de la distinction sexuelle au nom de l'égalité de
tous. Il s'agit de la négation de la réalité singulière de chaque personne qui
n'est pas le résultat d'une construction et d'une manipulation sociale. La loi
civile se fait ici idéologique et non plus soucieuse du bien commun, de la
dignité de la personne humaine et du bien que représente l'altérité sexuelle au
seul fondement du couple et de la parenté. Une vision idéologique qui ne prend
plus en compte la réalité et qui, de ce fait, devient aussi coercitive en créant
des structures de contrôle et des sanctions pénales. On établit une surveillance
des « bonnes pratiques » en la matière et on dénonce celles qui sont contraires
au genre (égalité dans tous les domaines et respect des orientations sexuelles).
Il est inquiétant de voir se mettre en place une police des idées, relayée par
les directives de Bruxelles, à travers un ministère des bonnes mœurs bien connu
dans les pays totalitaires.
Une forte pression
est également exercée sur les pays pauvres. C'est ainsi que les pays africains
ne peuvent recevoir des aides médicales, économiques et des matières premières
par l'intermédiaire des instances de l'ONU que dans la mesure où ils modifient
leurs lois dans le sens de la théorie du genre. Faute de pouvoir s'organiser
autrement, ils acceptent ce néo-colonialisme des pays occidentaux pour contrôler
leurs naissances, promouvoir un féminisme qui minimise le rôle de l'homme et
valoriser certains modèles sexuels fondés sur des pulsions partielles et non
plus sur l'identité du couple et de la famille.
L'Eglise ayant une
responsabilité envers la Création, dit le Saint-Père, elle doit le faire
savoir :
« Si le droit à la
vie et à la mort naturelle n'est pas respecté, si la conception, la gestation et
la naissance de l'homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont
sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept
d'écologie humaine et, avec lui, celui d'écologie environnementale. Exiger des
nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction,
quand l'éducation et les lois ne les aident pas à se respecter elles-mêmes. Le
livre de la nature est unique et indivisible, qu'il s'agisse de l'environnement
comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations
sociales, en un mot du développement humain intégral. Les devoirs que nous avons
vis-à-vis de l'environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la
personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres. On ne peut
exiger les uns et piétiner les autres. C'est là une grave antinomie de la
mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse
l'environnement et détériore la société » (n. 41).
Dans une parfaite
inconscience, des organisations catholiques sont impliquées dans la diffusion
des concepts du genre et rêvent même de réorganiser l'Église à partir de ces
principes. Elles se laissent séduire par ces idéaux contraires à une
anthropologie réaliste et raisonnable comme celle de la différence sexuelle sur
laquelle s'appuie l'Église. Cette dernière trouve d'autres motifs dans la
révélation biblique et le Nouveau Testament pour savoir que seul un homme et une
femme sont, jusque dans leur chair, les signes de l'altérité humaine et de
l'altérité divine. Les chrétiens ne doivent pas ignorer les enjeux de cette
idéologie car elle est présente dans la plupart des comportements que j'ai
décrits. Il en va du sens de la l'amour et de la vérité de ce que représentent
le couple et la famille.
La tâche essentielle
à privilégier est donc l'éducation au sens du développement humain intégrale.
Mais encore faut-il connaître ce qu'est la personne humaine. Actuellement tout
se passe comme si nous en avions oublié ou perdu la signification, comme
l'affirme le Saint-Père :
« Il convient de
souligner un aspect problématique: pour éduquer il faut savoir qui est la
personne humaine, en connaître la nature. Une vision relativiste de cette nature
qui tend à s'affirmer de plus en plus pose de sérieux problèmes pour
l'éducation, et en particulier pour l'éducation morale, car elle en compromet
l'extension au niveau universel » (n. 61).
Il revient à tous
les chrétiens et à ceux qui sont engagés dans la vie politique de veiller à la
qualité des lois en faveur de la vie, du couple formé par un homme et une femme,
et de la famille. De veiller également à savoir éduquer les jeunes à partir du
sens du couple et de la famille afin d'ouvrir à un véritable accomplissement de
la sexualité humaine vécue dans l'amour et dans la vérité.
Propos recueillis par Anita S. Bourdin
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