Prendre soin de notre
paroisse
La paroisse est morte !
« Et je vous convie à son enterrement, qui
sera précédé d'une veillée funèbre, dans le jardin du presbytère, pour le
Dernier Adieu, demain soir à dix-neuf heures ! »
Telle
était le bizarre invitation lancée à ses paroissiens par un curé assez original,
à l’humour parfois décapant… Aussi, poussés par la curiosité, ils se rendirent,
très nombreux, à l'étrange convocation. Et ils virent ceci : un cercueil en
carton, confectionné et peint par le curé qui était très habile de ses
mains.
« Approchez, approchez, chers amis, et
allez faire votre adieu à la paroisse vous n'avez qu'à soulever le voile et vous
pencher pour la contempler une dernière fois. »
De plus en plus intrigués, ils obéirent et
plongèrent leur regard dans le cercueil postiche. Que contenait-il donc ?
Absolument rien : il semblait vide ! Pas tout à fait cependant, car, sur le
carton du fond, le curé avait déposé un grand miroir, une très belle glace
détachée de l'une de ses armoires.
« Alors, chers amis, vous l'avez vue la paroisse : c'est votre image qui
vous a été renvoyée et non pas la mienne. La paroisse, ce n'est pas moi tout
seul, à votre service pour distribuer les sacrements et faire le culte. La
paroisse c'est chacun de vous, avec ses possibilités, ses qualités, ses défauts.
Si vous n'en prenez pas conscience, elle va mourir. A chacun de vous d'en tirer
les conclusions et d'y prendre une place active. Je vous l'avais dit maintes
fois et vous n'y aviez rien compris. J'espère que maintenant je n'aurai pas à
vous le répéter, et que vous serez convaincus que la paroisse c'est nous, tous
ensemble ! »
Jamais veillée funèbre n'avait été ponctuée de si grands éclats de rire !
Le curé ouvrit alors les portes de la salle paroissiale pour que chacun puisse
participer à l'apéritif de la résurrection: la paroisse défunte était revenue à
la vie !
***
* Prendre soin de notre
paroisse, c'est d'abord un état d'esprit, une attitude de fond faite d'accueil
et d'attention chaleureuse, en particulier envers les plus petits, envers ceux
qui arrivent et ne connaissent personne, ceux qui ne s'insèrent pas facilement.
Nous sommes alors habités par le désir profond qu'ils puissent trouver leur
place, celle qui est la leur, celle où ils pourront partager leur richesse et
recevoir ce dont ils ont besoin. C'est aussi, inévitablement leur
faire de la
place et parfois
leur laisser la place. Or souvent nous nous accrochons à notre place, et c'est
un drame lorsqu'il faut passer la main...
* Prendre soin de notre
paroisse, c'est croire en son avenir. Et croire en l'avenir, c'est
comprendre
l'évolution des choses et accepter les changements. Non par plaisir de changer,
mais parce que là encore c'est la vie. La nostalgie du passé n'a jamais fait
vivre personne, elle momifie. Il faudrait nous interdire cette phrase que l'on
entend parfois: "On
ne va quand même pas faire ça! ça ne s'est jamais fait!". C'est une phrase qui sent le
cadavre. Avec ce principe, Jésus ne serait jamais venu sur terre et jamais il ne
nous aurait sauvés: pensez donc, ça ne s'était jamais fait !
* Enfin, prendre soin de
notre paroisse, c'est pour chacun, dans la fidélité à son appel et à la mesure
de ses disponibilités, prendre sa part de responsabilité. Avec la génération qui s'en va,
dans les dix années qui viennent, l'Eglise de France va perdre les 2/3 de ses
prêtres et la moitié de ses pratiquants. Elle ne restera vivante que là où des
baptisés, ensemble, auront la volonté de la faire vivre. Partout ailleurs... A
chacun de s'interroger, de se mettre à l'écoute: "Seigneur tu connais ma vie, mes capacités, mes
limites, mes disponibilités, que veux-tu que je fasse pour ton
Eglise?" Il nous a
promis qu'Il ne nous demandera rien au dessus de nos forces et ce qu'Il nous
demandera sera pour nous source de bonheur et de croissance.
Jean-Pierre Nave
Jean-Pierre Nave
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