L’Eglise, en célébrant la
fête de la Transfiguration demande au Père qu’il nous accorde "d’écouter
la voix de son Fils bien-aimé, afin de pouvoir un jour partager avec lui son
héritage"
Que
nous vivions un moment d'illumination et de consolation en présence du Christ,
vrai Dieu et vrai homme, ou que nous ne percevions plus que son humanité et son
visage de souffrance, il nous reste cependant à l'écouter sur la montagne de
nos enthousiasmes comme dans les plaines de nos découragements. Alors reprenons
inlassablement les évangiles sous la conduite de l'Esprit pour les ruminer dans
le saint des saints de notre cœur, et y entendre la Parole du Fils bien-aimé.
Entendre la parole
Dans les visions racontées par la Bible, ce qui est vu prépare ce qui est
entendu. Moïse voit le buisson ardent et alors la voix divine lui donne une
mission. La Transfiguration du Seigneur avec toute sa lumière éblouissante
vient éclairer le message de la voix céleste : "Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le !" Déjà, au moment
de son baptême par Jean, Jésus avait été identifié par la voix céleste comme le
Fils bien-aimé. Mais ici, il y a une insistance nouvelle : "écoutez-le".
Le temps de la Passion approche, temps de ténèbres. Les disciples ne pourront
plus compter que sur leur confiance en leur maître. Les chrétiens sont dans
l'espérance de la venue éclatante de Jésus mais, en attendant, ils lui font
confiance et l'écoutent.
Jésus a
annoncé à ses disciples sa Passion. Puis il les mène sur la montagne où ils le
voient transfiguré : il leur manifeste sa splendeur pour qu'ils saisissent que
sa Passion le conduira à la gloire de la Résurrection. La voix qui se fait
entendre du ciel confirme l'élection accomplie au baptême et révèle que l'amour
du Père accompagne l'itinéraire de Jésus. "Écoutez-le" ajoute-t-elle,
comme pour signifier aux disciples qu'il leur faut accepter de renoncer à
l'idée d'un Messie tout-puissant. La gloire que Jésus connaîtra n'est pas une
récompense ou un couronnement après l'épreuve, mais une gloire déjà présente
mystérieusement dans la traversée des souffrances. En dépit des apparences, le
Père reste présent, comme le manifestent le rayonnement de la gloire et le
témoignage sorti de la nuée.
Ils virent la Gloire de Jésus
"Celui-ci
est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le." Autant dire que le temps
de la claire vision n'est pas encore venu, même si nos yeux s'entrouvrent
parfois sur les mystères glorieux du Christ. Apprenons donc à "aimer Jésus
Christ sans l'avoir vu" ; à "croire en lui sans le voir encore"
(1 P 1,8) ; à l'écouter comme "celui qui a les paroles de la vie
éternelle" (Jn 6). En ce sens, pourquoi ne pas relire un évangile en entier,
pour recevoir les enseignements du Christ comme une parole de grâce qui nous
est personnellement adressée ?
Son départ
Dans le
récit de la Transfiguration, Luc précise en une annotation qui lui est propre :
"ils parlaient de son départ (littéralement : "exode") qui
allait se réaliser à Jérusalem". L'expression "exode" annonce à
la fois le début de la montée à Jérusalem et la mort de Jésus, le départ étant
une métaphore de la mort. Présenté aux côtés des prophètes, Jésus connaîtra
leur sort : il sera rejeté et mis à mort. Le terme fait également référence au
récit fondateur de la sortie d'Égypte et du passage à travers la mer et la mort
vers la liberté et la terre promise. Jésus va reprendre à son compte ce qu'a
vécu Israël, s'inscrire dans la continuité de l'histoire du salut et lui donner
une dimension inouïe ; car celui qui fait exode vers Jérusalem pour traverser
la mort est déjà du côté de Dieu, dans la gloire.
P.
Benoît Schwind, en partenariat avec Prions en Eglise ; juillet 2008
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