Quand il s’agenouille devant les
pieds de ses disciples Jésus sait que le lendemain il sera mort. Mais il veut
avoir un moment avec chaque disciple. Pas seulement pour dire au revoir. Il
veut les toucher, toucher leurs pieds, toucher leurs corps, les toucher avec
tendresse et amour. Il dit peut-être une parole à chacun, il les regarde dans
les yeux. Il y a un moment de communion.
Le lavement des pieds et
l’institution de l’Eucharistie sont intimement liés. Nous sommes appelés à
manger le Corps du Christ pour pouvoir nous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un moment particulier de
Jésus avec ses disciples : Jésus a dû toucher ces corps avec un immense
respect, avec amour et tendresse. Il leur révélait, d’une façon spéciale, son
amour pour eux. Mais il leur révélait aussi que chacun d’eux était beau, choisi,
et aimé, pour continuer cette mission, qui est sa mission, d’annoncer la bonne
nouvelle aux pauvres, la liberté aux prisonniers, pour redonner la vue aux
aveugles, la liberté aux opprimés, et pour annoncer une année de grâce et de
pardon.
Lorsque Jésus lave les pieds de
ses disciples, il lave les pieds pour montrer que c’est leurs cœurs qu’il veut
purifier. Jésus ne juge pas, il ne condamne pas ; il purifie. Il veut
seulement que nous soyons un peuple de la résurrection - des personnes debout
qui croient au don de Jésus pour pouvoir apporter ce don à notre monde brisé.
Le lavement des pieds pour
enseigner le service de l’autorité
Mais Jésus est aussi là comme un
serviteur, un esclave. Il est là pour nous. Il nous dit : « Je veux
vous servir ; je veux vous investir d’un pouvoir. Vous allez recevoir
l’Esprit Saint et vous devez continuer ce que j’ai fait. Vous devez être
remplis de l’Esprit de Dieu, afin que vous puissiez aller jusqu’aux extrémités
de la terre pour transmettre cet amour à tous les peuples de toutes les
cultures. »
Jésus sait que ce n’est pas
facile d’exercer l’autorité. Jésus, à genoux à nos pieds, nous dit :
« Je veux que tu exerces ton autorité dans l’amour. Comme un bon berger
qui donne sa vie pour ses brebis. Exercer l’autorité avec tendresse et amour.
Exercer l’autorité dans la vérité et dans un esprit de pardon. » Jésus
nous montre comment il veut que nous exercions l’autorité, non pas du haut d’un
piédestal mais tout près des personnes. Il faut confirmer les personnes, les
aider à grandir dans la liberté et la vérité.
Le lavement des pieds pour
transformer la pyramide en un Corps
Nous savons ce qu’est la
pyramide. Quelques uns ont le pouvoir, les privilèges et la richesse. Au bas de
la pyramide, se trouve la masse immense des gens pauvres et brisés. Jésus a
voulu transformer cela en un Corps. C’est pour cela que Paul, dans la première
lettre aux Corinthiens parle de l’Eglise comme d’un Corps, dans lequel chaque
personne est différente et chacun est important. Les parties du corps qui sont
les moins présentables, les plus faibles, sont nécessaires et doivent être
honorées. Jésus veut que nous découvrions l’Eglise comme un Corps où chacun est
important, où la fonction de responsable est importante parce que le corps en a
besoin. Mais nous sommes tous comme frères et sœurs dans le même Corps qui est
inspiré, motivé et habité par l’Esprit Saint.
Le lavement des pieds est
symbolique. C’est un geste qui parle de service, de communion, de pardon
mutuel, de co-existence, d’unité. Mais Jésus insiste tellement sur le lavement
des pieds, sur le fait de toucher le corps, que je crois que ce symbole est
aussi un sacrement. C’est quelque chose de très spécial. Ce n’est pas seulement
parler avec les personnes mais reconnaître que leur corps est le Temple de Dieu.
Reconnaître que l’Esprit de Dieu vit en elles. Reconnaître que leur corps est
précieux. Je crois que Jésus insiste sur le lavement des pieds parce que nos
corps sont précieux, parce qu’ils sont Temples de l’Esprit.
Nous sommes appelés à être en
communion, à nous pardonner les uns les autres, à nous servir les uns les
autres, et à découvrir que nous sommes appelés à marcher ensemble.
Nous sommes tous appelés à nous
faire petits. Le chameau ne peut pas passer par le trou d’une aiguille. Mais
nous qui avons de l’autorité ou du pouvoir, sommes d’une certaine manière
appelés à être comme des petits enfants. Nous sommes appelés à nous servir dans
la droiture et la vérité comme Jésus. Et si nous nous faisons petits, nous
pourrons peut-être passer par le trou de l’aiguille.
Maintenant, c’est ce que nous
allons faire, en signe de ce désir de suivre l’humble Jésus, le Jésus brisé, le
Jésus en larmes, le Jésus qui se fit tout petit et s’humilia plus encore. D’une
certaine manière nous voulons suivre Jésus sur ce chemin qui descend. C’est
aussi le chemin par lequel nous nous élèverons avec lui pour être un signe de
la résurrection dans notre monde.
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